Sur Tolosana, une parodie de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ?
Avec un peu de retard, Tolosana célèbre à sa façon la Journée internationale des droits des femmes et vous propose de découvrir une brochure de la période révolutionnaire qui porte un titre trompeur : La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Comme le célèbre texte de la montalbanaise Olympe de Gouges (1748-1793)1, cette déclaration reprend le modèle de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamée le 26 août 1789. Mais dans un esprit est radicalement différent.
Alors qu'Olympe de Gouges réclamait l'égalité des droits de l'homme et de la femme, l'auteur de ce texte fait une satire de la Déclaration des droits de l'homme, sur un ton de badinage galant bien loin du féminisme. Si les premières lignes peuvent prêter à confusion, le doute s'intalle à l'article Ier et n'est plus permis dès le début de l'article II .
L'auteur détourne la plupart des 17 articles de la déclaration et en invente d'autres de toutes pièces. Ainsi, la fin de l'article 2 "Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression" devient : "ces droits sont la beauté, la propreté, la fermeté, l'élasticité et la résistance modérée" ; ou bien l 'article 15 "La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration" est transformé en "Les femmes ont droit de demander compte à leur maris de l'administration de leurs facultés ; il est permis à la femme de nommer un suppléant dans le cas de maladie, démission, négligence ou forfaiture".
Non datée, cette brochure ne comporte ni lieu d'impression ni nom d'imprimeur. Le texte a paru en 1791, sous forme de supplément n°31 du Journal de la cour et de la ville, daté du 1er octobre. Fondé par le futur maréchal Brune en 1789, ce journal satirique friand de petites nouvelles à sensation, rumeurs et complots, est rédigé depuis 1790 par Jacques-Louis Gautier de Syonnet (17..-1809) qui lui a donné une nette orientation contre-révolutionnaire2. L'auteur cherche-t-il à parodier à la fois la Déclaration d'Olympe de Gouges, publiée peu de temps avant (en septembre) et la Déclaration des droits de l'homme ou, dans l'ignorance du texte d'Olympe de Gouges, cherche-t-il simplement à faire une satire "spirituelle" de la Déclaration des droits de l'homme ?
Ce document, qui fait partie du fonds Claude Perroud de la BU de l'Arsenal (UT Capitole), n'est pas répertorié dans les bibliographies spécialisées. Aucun autre exemplaire n'est recensé sous cette forme dans les collections publiques. Le supplément du Journal de la Cour et de la ville n'est pas toujours présent dans les collections de ce périodique conservées dans les bibliothèques.
1 - Le titre exact de cette brochure de 24 pages, dédiée à la Reine, est Les droits de la femme. La "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" figure aux pages 6 à 11 et est suivie d'un "Postambule".
2 - Le journal est appelé familièrement "Le petit Gautier".